Cette nouvelle exposition de Francine Van Hove réunit un corpus de peintures récentes et s'accompagne de la publication d'une nouvelle monographie sur sa production des quinze dernières années.
Depuis les années 70, Francine Van Hove n'a cessé de s'inscrire dans une peinture exclusivement figurative et féminine, intimiste, d'une virtuosité proche des maîtres anciens. Elle élabore ses compositions en collaboration avec ses modèles, toujours de jeunes femmes, en partant d'une idée de sujet. De longues heures de pose sont nécessaires pour la mise au point des attitudes en dessin (à la pierre noire ou au pastel) et pour l'exécution finale à l'huile sur toile. Le décor de son atelier parisien, délocalisé dans son jardin à la campagne aux beaux jours, ne tolère que le strict nécessaire : dessins scotchés aux murs, meubles chinés, coussins, gourmandises, service à thé ou à café, éditions anciennes de romans ou de livres d'art… Ces motifs récurrents, ces natures mortes insérées dans le tableau, constituent un genre de personnages à part entière ; débarrassés de toute référence envahissante au temps présent, ces objets familiers participent à l'abandon nonchalant de ces modèles à la beauté classique.
Ici, les gestes ordinaires du quotidien - se lever, lire, se coiffer, réfléchir, s'assoupir - sont embellis. Tout est seulement effleuré, délicatement, du bout des doigts ou du bout des lèvres, à travers des yeux souvent mi-clos. Dans ces précieux instants, le temps est silencieusement suspendu. Ces jeunes femmes transposent sans emphase les nobles attitudes des Madones dans des scènes de la vie domestique, éclairées d'une douce lumière propice à la rêverie. Entre mystère et simplicité, perfection formelle et registre anecdotique, la peinture de Van Hove cherche à saisir la quintessence de la féminité.
Le résultat, classique, s'affranchit de toute interprétation narrative ; sa motivation est exclusivement visuelle. Van Hove se refuse à donner un sens à ses œuvres, sinon la nécessité impérieuse de créer, contre l'angoisse, "des peintures comme des fenêtres ouvertes sur un monde imaginaire tellement proche du réel qu'on doit pouvoir les confondre avec celui-ci". C'est la description d'une bulle sans la moindre aspérité, encapsulée hors du temps, où les corps sont idéalisés : une sorte de paradis intime et patiemment érigé qui se tient à distance de l'agitation, imperméable à toutes les injonctions du monde. L'apparence de bonheur - car son travail n'est pas dénué de mélancolie - vient de savoir demeurer en repos, chez soi. En ce sens, sa peinture s'affirme comme un moyen et un but. Un idéal de sagesse, en somme…
Van Hove: Du côté de chez soi
Passées exhibition
28 Septembre - 9 Octobre 2021